19 ans Galerie Alain Paire

affiche OK 

La galerie Alain Paire va fermer ses portes définitivement. A l’été 2012, Alain Paire a sollicité ARTEUM Musée d’Art Contemporain pour une exposition rétrospective que l’exigüité de ses locaux rue du Puits Neuf ne permettait pas. Pour ARTEUM, dont l’acronyme signifie Artistes représentatifs des tendances et unités méditerranéennes, c’était entrer dans une certaine cohérence : exposer dans cet hommage les artistes que notre musée a pour vocation de soutenir. D’autre part, dans un territoire géographique si réduit, les cimaises des deux lieux ont fréquemment dans le passé puisé aux mêmes creusets, indépendamment ou en partenariat. L’exposition que nous présentons est le fruit d’un travail collégial entre Alain Paire, Pierre Vallauri et moi-même. Elle présente une sélection des artistes de la galerie opérée par son fondateur et elle est assortie de la parution d’un catalogue édité par ARTEUM.

Pour ce catalogue, Alain Paire a invité des personnalités qui, à un titre ou un autre, ont pris part à ses projets ou jalonné cette période de vie, à livrer leur témoignage. Tous contribuent à l’écriture de l’histoire de la galerie. Pour les inconditionnels du lieu, ceux qui déplorent sa fermeture -et ils sont nombreux- l’exposition, chargée de sens, évoquera sans doute des souvenirs de rencontres, des découvertes artistiques. Le catalogue constitue une trace que nous nous sommes efforcés de restituer, au plus près des vœux d’Alain Paire, dans la ligne de son action de 19 années. Nous espérons que l’une et l’autre -l’exposition et le catalogue- rencontreront l’adhésion du plus grand nombre.

 

Christiane Courbon

 

Les artistes : Jean Amado, Vincent Bioulès, Jean-Pierre Blanche, Don Jacques Ciccolini, Jean-François Coadou, Yvan Daumas, Alain Fleischer, Sylvain Gérard, Georges Guye, Michel Houssin, Kamel Khélif, Florence Laude, Gabriel Laurin, Myriam Louvel-Paoli, Annick Pegouret, Serge Plagnol, Jean Pécoul, Louis Pons.

 

Témoignages : Cyril Anton, Gérard Allibert, Chris Chappey-Paire, Jacques Corrieu et Juan Melo Barbera, Christiane Courbon, Michel Fraisset, Florence Laude, Alain Madeleine-Perdrillat, Annick Pegouret, Florian Rodari, Pierre Vallauri.

 

Maquette du catalogue : Gérard Rocherieux

 

 

 

 

Donnons la parole à Alain Paire

 

Quelques mots pour quelques-uns des artistes qu’on aperçoit chez Arteum. Jean Amado, Georges Guye, Vincent Bioulès, Jean Pecoul, Don Jacques Ciccolini,  Sylvain Gérard et Florence Laude.

 

 

Jean Amado

 

 

C’était pendant l’été de 1973, JEAN AMADO avait disposé sur les pelouses et parmi les recoins du jardin du Pavillon de Vendôme une quinzaine de sculptures. Ce fut pour moi une révélation, une inépuisable découverte : pendant ce mois de juillet, je suis revenu une dizaine de fois pour tenter de comprendre et d’imaginer. Jean est à mes yeux le créateur aixois le plus conséquent de la seconde partie du XX° siècle. C’était un homme de grande finesse, plein d’humour et de malice. Au milieu des années 80, en compagnie d’Annick Pegouret, j’ai fait un long voyage en France à Paris, à la frontière suisse, à Lyon ou bien à Cavaillon pour rencontrer ses oeuvres d’art public, les sculptures qu’il a essaimées dans tout l’hexagone. C’est un grand souvenir, l’exposition et le catalogue que nous avons réalisés en juillet 2008 avec l’aide de Michel Fraisset : il y avait quatre lieux pour accueillir ses travaux, l’Atelier Cézanne, le Jas de Bouffan, la Baume-les-Aix et la rue du Puits Neuf. A.P.

 

 

Georges Guye

 

 

 

A la fin des années 70, GEORGES GUYE n’était pas encore parti à Marseille où se tient son atelier. Il était mon voisin rue des Epinaux, je venais lui rendre visite rue Aumône vieille dans un autre espace de travail. Georges est à mes yeux l’un des artistes les plus inventifs que je connaisse. J’admire qu’il soit toujours capable de drôlerie et de rebondissements, j’adore sa manière de considérer le monde comme il est. Pour moi, avec son regard magnifiquement contemporain, il est un peu le Jean-Luc Godard de la sculpture. La salle qui lui est réservée à Châteauneuf-le-Rouge est à mes yeux la salle la plus forte de toute l’exposition. Je considère comme une grave injustice le fait que son oeuvre et son style de vie ne soient pas davantage connus. A.P.

 

 

Vincent Bioules

 

 

VINCENT BIOULES est un très grand professionnel. Les douze grandes toiles qu’il avait autrefois peintes à partir de la Place de  l’Hôtel de Ville d’Aix sont l’une des plus belles séquences du vingtième siècle : quand on découvre leurs grands formats, on comprend combien cette ville recèle un extraordinaire mélange d’archaisme, d’insouciance et de musicalité. J’ai eu la joie de composer avec Vincent trois expositions :  à propos du Pic Saint Loup, de l’Atelier des Lauves ainsi que de la Sainte Victoire vue depuis Vauvenargues. Bioulès est aussi un superbe violoniste, un grand lecteur de Proust et de la Bible, un magnifique connaisseur de l’histoire de la peinture. J’ai beaucoup aimé l’écouter parler à propos de Nicolas Poussin, de Raoul Dufy ou bien Ferdinand Hodler.  A.P.

 

 

Don Jacques Ciccolini

                                                                                                                                                          photo de Jean Pecoul

 

Dans l’exposition, on découvrira sept portraits d’artistes réalisés par un ami JEAN PECOUL ; c’est un photographe affectueux qui sait trouver un accord de simplicité et de confiance avec les personnes qu’il rencontre. DON JACQUES CICCOLINI est un personnage dont j’aime l’engagement de chaque jour. J’ai lié connaissance avec lui un jour de printemps 2010,  Michel Fraisset m’a conduit vers son atelier. Depuis, nous avons réalisé ensemble trois expositions que je crois infiniment mémorables : ces tableaux impliquent le présent et simultanément l’histoire lointaine de la peinture. Son exposition de l’an dernier concernait un énorme chantier  : Don Jacques avait eu à coeur d’évoquer un très singulier vaisseau-fantôme, le passage parmi les arches et les câbles de l’ancien pont de Pertuis. J’ai gardé de lui un grand format qui représente la falaise de Saint Eucher, au bord de la Durance : des nuages, du vent, du silence et des rochers qui me font penser à la Franche-Comté de Gustave Courbet. A.P.

 

 

Sylvain Gerard

 

 

Mis à part Jean Amado, parti depuis déja longtemps, pour cette exposition, j’aurais aimé évoquer uniquement des vivants. Mais voici, et c’est tragique, que SYLVAIN GERARD, le 18 octobre 2013, a choisi de nous quitter. J’aimais profondément ces grands fusains noirs, je trouve qu’ils ressemblent quelquefois à la douceur et à l’intransigeance de Franz Kafka. 

Sylvain avait un visage d’enfant et un buste d’athlète. On rencontrait chez lui d’immenses colères. De la tendresse, de la rage et de l’énergie. Ses coups de téléphone étaient certaines fois redoutables, son intelligence de la vie, ses prises de risques et son éventuelle virulence étaient incroyablement sauvages. Je me rappelle l’avoir vu gravir à Marseille, avec beaucoup d’aisance et de robustesse la pente du Cours Julien. Je me souviens de la façon qu’il avait de se pencher, j’ai quelquefois pensé très fort à son sourire et à sa manière de réfléchir, quand une parole ou bien un souvenir le touchaient particulièrement. A.P.

 

 

Florence Laude

 

 

 Je crois que FLORENCE LAUDE a déja connu plusieurs vies. En même temps, parce qu’il y a chez elle des forces très douces et très jeunes, je pense que toutes ses vies ont à peine commencé. Elle est une des plus extraordinaires enseignantes de français de la proche région : je souhaite à tous les élèves de Gardanne de pouvoir suivre ses cours. Ce qu’elle donne est souvent inattendu. Tout récemment, sont survenus ses Déjeuners sur l’herbe qui disent simultanément la confiance et l’inquiétude, des chaises vides et puis le bruissement de grands arbres. Elle prépare en ce moment,  avec du texte et des images, une livre qui racontera l’histoire de Victoria, un personnage de sa famille qui émigra vers les Etats-Unis. Florence Laude anime un blog très vivant qui s’appelle Images en tête.  Je visite quotidiennement cette source qui ne faiblit jamais. On y parle de musique, de vélo et d’amitié. On y rencontre toutes sortes de complicités : Guillaume Apollinaire, Lou Reed ou bien Paolo Ucello.  A.P.

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